Invités par nos amis, guides mais aussi de grands shamans, nous nous sommes rendus dans une communauté maya qui fêtait le mois des morts comme il se doit ; en effet, le peuple maya ne célèbre pas seulement le jour des morts, il honore ses morts en les faisant revivre, tout un mois durant…
A quelques vingt km à vol d’oiseau de Chichen Itza, nous sommes arrivés dans un village tellement authentique… Sa population vit encore sur un site archéologique, comme il y a trois mille ans !
Notre objectif réside en la pérennité de cette grande culture, que celle-ci se perpétue encore pendant de nombreuses générations futures ; aussi, humblement, nous les aidons à conserver cet héritage.
Comme nous, nos amis voyageurs aiment rencontrer ces ethnies indigènes afin de les aider et partager des moments très intenses.
Description de la zone archéologique
Il existe plus de 40000 sites archéologiques présumés sur tout le territoire mexicain ; plus de 1000 ont été découverts et moins de 200 sont ouverts au public.
Cette toute particulière zone archéologique est entièrement recouverte par la jungle environnante ; elle fait partie de ce millier de site restant à découvrir.
Nous te remercions, ami Léo S., tout d’abord pour avoir voyagé avec Mexique Découverte, puis pour nous avoir partagé ces quelques images perso.
Ses constructions sont monumentales ; on y découvre, entre autre chose, la Tumba del Rey ou la tombe du roi ; de son sommet on peut apercevoir le toit de la pyramide du Castillo de Chichen Itza à travers un océan de verdure.
Les vestiges, pétroglyphes, gravures et autres symboles de ces anciens palais nous dévoilent l’importance pour le peuple Maya des éléments naturels qui nous entourent : La Terre, le royaume des Cieux, l’Inframonde ou le royaume de morts et non l’enfer, et enfin les quatre points cardinaux…
De nos jours ces éléments sont toujours vénérés avec ferveur par le peuple Maya Moderne.
Visite des ruines
Après deux heures de route depuis Cancun nous quittons la piste asphaltée pour nous enfoncer dans la jungle, plutôt considérée comme selva tropical ou forêt tropicale…
En suivant un petit sentier nous arrivons jusqu’à un terreplein et face à nous se dresse une grande palapa maya (cabane de bois recouverte de feuilles de palme). Elle permet à la communauté d’organiser des réunions ou de célébrer un événement majeur.
Puis nous continuons sur ce même petit sentier étroit, nous progressons grâce aux coups de machette habiles de notre guide, un outil indispensable dans ces territoires vierges.
Petit à petit nous arrivons sur une grande esplanade rectangulaire, un peu comme un immense terrain de pétanque ; je ne crois pas si bien dire, puisque c’est exactement à cet endroit que les guerriers mayas se confrontaient dans des combats singuliers au jeu de balle.
De cette façon ils réglaient la plupart de leurs différents politiques et sociaux qui les opposaient, mais aussi la plupart des griefs avec les communautés voisines.
Une rencontre très chaleureuse avec ce peuple maya
Aussitôt arrivés, nous sommes accueillis à bras ouverts par la famille au grand complet ; quelques trois générations vivent là en communauté et en parfaite harmonie.
Ils tirent leurs revenus essentiellement du tourisme en fabricant de l’artisanat du peuple maya. En cette période de la fête des morts, ils fabriquent des calaveras ; mais aussi, bien d’autres artisanats tels que hamacs et autres broderies que l’on retrouve sur les huipils (robe typique du Yucatan ). Ils utilisent encore les traditions et le savoir faire de leurs ancêtres.
Nous sommes arrivés en fin de matinée et déjà nous avions un petit creux…
Qu’à cela ne tienne, le four était déjà allumé depuis le matin ; un trou dans la terre au beau milieu d’une cour entourée de palapas ; chacune d’elle a sa fonction, cuisine, chambre, ou encore palapa commune. Au fond de ce four quelques pierres incandescentes chauffées au bois allaient accueillir notre repas.
Cette méthode de cuisson n’est en rien folklorique, elle est utilisée quotidiennement par les familles ; ce jour-là allait se mitonner un plat des plus typiques du Yucatan, le Pibil.
Du Bio, du Bio, que du Bio et encore du Bio
Une incroyable vie saine conservée depuis des millénaires ; un rapide tour de la propriété nous dévoila leur petits secrets, un jardin traditionnel et aromatique, un verger entouré de milpas (agroécosystème méso-américain), un poulailler et la porcherie qui abrite trois petits cochons noirs.
Depuis quand avons-nous mangé 100% Bio ? Assurément, depuis très longtemps et pour ne pas dire jamais pour certains. Nous nous délections à l’avance.
Élaboration du poulet Pibil
Puis nous sommes invités à participer à l’élaboration de ce met des plus délicieux ; aujourd’hui ce sera du poulet pibil, mais il peut aussi se cuisiner avec du cochon.
Nous rentrons donc dans la palapa qui fait office de cuisine ; une subtile et agréable odeur de copal flatte nos narines (bois cérémonial dont l’odeur peut s’apparenter à de l’encens lorsqu’on le brule).
Il fait relativement sombre, sur une table nous badigeonnons les morceaux de poulet avec une sauce à base d’achiote ; une espèce de coque rappelant la châtaigne qui renferme de petites graines rouge, aux saveurs uniques ; elles sont alors diluées dans un jus d’orange naturel.
Délicatement nous déposons le tout au fond d’une olla (profonde marmite), nous rajoutons encore quelques tomates, oignons, sans oublier le chile ; pas autant qu’il se doit pour respecter nos palais délicats.
Nous fermons la olla et nous ressortons de la palapa pour la mettre dans le four ; on recouvre le trou de feuilles de bananier et enfin une bonne couche de terre après avoir étayé le tout.
Et voilà, le tour est joué, il n’y a plus qu’à attendre quelques deux heures… Ça va être long…
Une petite baignade pour attendre le repas vous ferait plaisir
Bien sûr, comment refuser une trempette dans le cenote du village par ce chaud mois de novembre.
Le cenote est sacré, comme la plupart des cenotes du Yucatan proche d’une cité maya ; en effet, on y découvrit des vestiges de vases, d’os sculptés et divers autres objets utilisés par le peuple maya.
En route pour le cenote qui est à deux pas ; un immense trou, un aven d’une cinquantaine de mètres rempli d’une eau d’un bleu profond ; un rayon de soleil vient lui donner des reflets émeraude ; une invitation, sans aucune hésitation, à la baignade.
La surface de l’eau est à une dizaine de mètres ; la tentation est si grande que les plus téméraires s’y jettent déjà du haut du cenote ; d’autres, plus prudents, empruntent une échelle de fer qui descend le long de la paroi jusqu’à une plateforme.
L’émerveillement atteint son paroxysme ; et plouf !
L’eau est un peu fraîche mais quel plaisir, un cenote tout juste pour nous, le luxe d’une exclusivité totale…
Que nous dévoile le petit musée du village
Nous repartons, rafraichis, avec un certain entrain dû à la faim qui commence à nous tenailler ; en chemin, malgré tout, nous pensons un peu culture et nous nous arrêtons au petit musée du village, où se trouve une reproduction de la tombe de son dernier roi maya.
Sur le chemin le chaman du village nous invita à rentrer dans sa demeure pour nous présenter sa famille. Ce personnage est très important au sein de la communauté, il guérit les douleurs de l’âme et du corps en pratiquant des massages mayas…
Miam miam
Nous arrivons enfin dans l’enceinte habitationnelle de nos amis mayas après avoir déambulé dans les ruelles du village en distribuant nos petits cadeaux.
En effet à chaque fois que nous nous rendons dans des communautés un peu reculées et loin de la civilisation nous leur amenons de modestes présents, tels que du matériel scolaire et autres petits bijoux fantaisie ou des parfums pour ces Dames.
L’heure est venue de passer enfin à table.
Nous débarrassons le four de sa terre, puis retirons les feuilles de bananiers délicatement pour ne pas souiller le repas.
La marmite est amenée à l’intérieur de la palapa, où une jolie table était préparée, serviette en tissus ma chère !
Nous nous asseyons pendant que l’on nous sert d’excellentes eaux de fruits bien glacées.
Entre temps les assiettes bien servies commencent à se distribuer, la scène est accompagnée par le tapotements des femmes qui façonnent à la main les tortillas pour accueillir le poulet pibil.
On prend une tortilla au creux de la main, on se sert un peu de poulet pibil et suivant les goûts on peut y rajouter citron vert, coriandre, oignon trempés dans du vinaigre, et le piment chile habanero coupé en fines lamelles.
Muy rico, disent les mexicain, c’est dé-li-cieux !
Le repas terminé, nous papotons un instant, nous achetons quelques pièces de leur artisanat et c’est malheureusement l’heure de se dire au revoir.
De longues embrassades nous donnent chaud au coeur après avoir transpiré le feu du chili.
Dernière surprise de la journée, bien, bien remplie, je dois dire
Arrivés à notre véhicule nous répartissons encore quelques présents, puis tout le long du chemin jusqu’à sortir du village. Chemin faisant, Brigitte interpelle le guide en lui rappelant la surprise qu’il nous avait promise en arrivant…
Il regarde sa montre et nous dit d’un air espiègle :
Nous avons rendez-vous mais il se fait tard et je ne sais pas s’ils vont nous attendre… Enfin nous verrons bien…
Au village voisin nous passons le joli zocalo (place centrale de toutes les agglomérations mexicaines) et nous nous arrêtons sur une esplanade arborée et bordée, au sud, par une haute enceinte avec une entrée style hacienda…
Puis en y regardant bien nous nous aperçûmes, hébétés que nous étions devant un pantheon mexicain ou cimetière colonial…
Quelle blague ! Bien-sûr qu’ils vont nous attendre, ses habitants ont toute l’éternité pour cela… Eclat de rire général en sortant de notre véhicule…
La visite du Cimetière
La visite du cimetière ? Me direz-vous !
Oui au Mexique les cimetières se visitent et qui plus est à l’occasion de la fête des Morts, comme on visiterait un ami dans le village voisin.
Au Mexique les cimetières sont magnifiques, de toutes les couleurs, toujours fleuris, comme pour la Toussaint catholique, mais tout au long de l’année.
Drôle de rituel le jour des Morts
Rituel que l’on pourrait penser païen et bien vous avez raison, mais ce n’est pas un rituel maya, mais bien un rituel qui nous vient de l’époque romaine biblique…
Après trois ans passé dans le caveau, le cercueil est extrait ; les os complètement dénudés de leur chair et parfaitement propres sont retirés du cercueil ; ils sont ensuite lavés soigneusement et placés dans une petite boîte ; laissant ainsi place neuve à un nouveau cercueil…
Problème d’emplacement mortuaire résolu…
Nous ne nous quitterons pas sur une triste note
Non, la mort au Mexique n’est pas triste, on y est préparé durant toute notre existence, c’est le bout de la vie, on vit avec elle et puis on meurt…
Pour les vivants, la personne décédée n’a pas disparue puisqu’on la fait revivre tous les ans, avec tout ce qu’elle aimait ; sa musique, ses livres, ses instruments, ses passions, ses petits plats et toutes ces petites choses qui l’ont rendue heureuse toute sa vie durant.