Six icônes féminines intemporelles

Comment parler du Mexique sans évoquer sa richesse culturelle ?

 

Bien que la doxa présuppose une forte présence masculine dans la construction socio-historique du pays, des femmes ont impacté son histoire, laissant derrière elles un dense héritage culturel.

 

Aujourd’hui, je vais vous énumérer six figures féminines ayant impactées le Mexique, artistiquement, historiquement, culturellement, ou encore socialement.

 

La Malinche

Ce personnage féminin, bien souvent laissé dans l’ombre des récits historiques, constitue en réalité une figure incontournable du Mexique. Cette femme d’origine indienne a pendant longtemps été l’objet de controverses, engendrant un flou historique entre la représentation d’un symbole de la traîtrise et celui de la modernité.

Elle a occupé une place centrale dans la conquête espagnole du Mexique, puisque, amante du célèbre Hernan Cortès, elle a servi d’interprète entre le peuple Aztèque et les conquistadors. Elle a également joué un rôle de conseillère et d’intermédiaire entre les deux camps, essayant alors de prôner des approches plus pacifiques.

Sa collaboration, considérée comme une haute trahison pour certains, a donné naissance à une culture métissée que connait aujourd’hui le Mexique. Bien qu’elle puisse être considérée comme la mère du peuple mexicain moderne, elle demeure la figure d’un mythe symbolisant la contradiction de ce dernier.

Sœur Juana inès de la Cruz ( 1651-1695)

Qui est-elle ?

Cette religieuse catholique, poétesse et dramaturge de la Nouvelle-Espagne, constitue une des grandes figures de l’aube de la littérature latino-américaine.

Dès son plus jeune âge, elle devient une érudite autodidacte engagée, qui sera considérée par la suite comme une génie littéraire pionnière des droits des femmes.

Ses œuvres majeures Poèmes d’amour et de discrétion, La Délirante ou Le divin Narcisse témoignent de son engagement féministe visionnaire au sein d’un Mexique encore marqué par la colonisation.

Son désir de contemplation l’entraîne à adopter une vie religieuse, où elle peut librement vaquer à ses activités littéraires.

Frida Kahlo (1907-1954)

Comment ne pas évoquer Frida Kahlo lorsque nous parlons de l’art mexicain ?

Personnalité incontournable du Mexique, cette artiste peintre surréaliste du XXe siècle mêle sa passion impulsive à sa sensibilité expansive au sein de ses œuvres. Malgré son éducation dans un cadre patriarcale affirmé, cette avant-gardiste n’hésite pas à revendiquer son engagement pour les droits des femmes et assumer ouvertement sa sexualité inconventionnelle pour son époque. Cette volonté d’émancipation se transpose au prisme d’un art engagé, affranchi des règles préétablies et dispensé des diktats sociétaux.

Cette passion frénétique anime ses autoportraits, où elle embrasse sa féminité, débarrassée de toute beauté artificielle, retouchée et socialement normée.

 

Aujourd’hui encore, elle est considérée comme étant une sommité du monde de l’art autant mexicain qu’international.

Marià Felix (1914- 2002)

Autrement connue sous le surnom de « La Dame », Marià Felix est une icône de l’âge d’or du cinéma mexicain. Cette légende marque les écrans avec ses 47 films, où elle interprète divers rôles passionnants. Renommée internationalement, elle tourne en dehors du Mexique, dans des longs-métrages français, italiens, espagnols ou encore argentins. Passionnée par son métier, elle refuse même des rôles à Hollywood, qu’elle juge sans intérêt. Elle affirme qu’« ils m’ont donné des rôles indiens que je n’aimais pas et, dans mon pays, je faisais ce que je voulais». Elle sera l’une des seules actrices à prioriser ses convictions personnelles en dépit des potentiels gains financiers américains.

Elle est ainsi l’incarnation de la femme fatale, où sa beauté inaccessible s’enchevêtre à ses rôles de femmes dédaigneuses rebellées contre des personnages machistes.

Chavela vargas ( 1919- 2012)

Née au Costa Rica, Chavela Vargas trouve au Mexique une terre de refuge, un pays qui l’adopte en retour, acceptant sa personnalité décomplexée. Au-delà de son talent indéniable pour la musique, la chanteuse compose des textes à vocation cathartique où rupture des conventions sociales et singularité de son tempérament sont mis à l’honneur. Aux côtés de Frida Kahlo, elle incarne la figure de la femme libérée socialement, politiquement, et sexuellement.

La profondeur de sa voix rauque reflète sa force de caractère, où chaque performance transcendance le public et insuffle inévitablement une émotion unique.

Sa personnalité hors-norme la propulse au rang d’icône de la musique engagée, au Mexique et dans le monde entier. A l’époque actuelle, elle incarne encore l’image de la femme désinvolte, apôtre des valeurs émancipatrices de la communauté homosexuelle.

Dolores Olmedo ( 1908- 2002)

Agissant dans l’ombre des artistes, Dolores Olmedo est une collectionneuse d’art mexicain, qui s’engage à prospérer la culture de son pays.

Fière de ses racines mexicaines, cette mécène collabore dans le cadre professionnel mais également privé, avec les peintres Diego Rivera et Frida Khalo. Ces derniers voient leur carrière d’artiste être propulsée grâce au travail passionné de Dolores Olmedo. Afin de promouvoir leur art, elle n’hésite pas à transformer partiellement sa propriété de Xochimilco en un musée, où 162 oeuvres de Diego et Frida figureront. Lors d’une interview, elle affirme avec simplicité « Je donne cette maison et toutes mes collections, le résultat de ma vie de travail, pour le bonheur du peuple de Mexico »

Son amour pour l’art et le Mexique rythme sa vie, laquelle sera dédiée à sa lutte dans la défense du patrimoine culturel de son pays. Elle se concentre notamment dans la protection des sites archéologiques, témoins d’une richesse historique mexicaine inouïe.

Ce sujet d’article me tient particulièrement à cœur, je pense qu’il est important de perpétuer la connaissance de ces acteurs clés de l’Histoire.

Dans le cas du Mexique, ces femmes, et bien d’autres, ont joué rôles indispensables dans la construction d’une idéologie commune : les prémices d’un mouvement d’émancipation féminine au Mexique. Elles ont participé à la libération de la parole féminine à travers leurs arts sans se plier aux conventions sociales de leur temps. Cet article a un but informatif mais également honorifique, car il est primordial selon moi, d’immortaliser leurs mémoires.

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